Monday, August 12, 2013

Espionnage: l'œil de Washington à Moscou

Une des plus importantes révélations de l'ex-analyste de la CIA Edward Snowden concernant la Russie se trouve dans une présentation de la NSA de 2008 publiée sur le site du Guardian le 31 juillet, écrit lundi 12 août le quotidien Vedomosti.
Il s'avère que les systèmes américains d'espionnage sont implantés directement à Moscou : la présentation contient une carte localisant 700 serveurs du système global de surveillance totale des utilisateurs internet baptisé XKeyscore. Ces serveurs sont installés dans cent cinquante pays, y compris en Ukraine et même en Chine.
Snowden a expliqué au Guardian ce que ce système apportait aux analystes du renseignement : "Derrière mon ordinateur je peux suivre la correspondance de n'importe qui – vous, votre comptable, un juge fédéral et même le président, si je connais son adresse de messagerie".
Les autorités américaines ont démenti les accusations de Snowden. "Il ment. Il n'avait pas la possibilité de faire ce dont il parle", déclarait à l'époque le républicain Mike Rogers, le président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants. Cependant, d'après la présentation de la NSA, XKeyscore permet d'obtenir des informations sur une correspondance électronique, les pièces jointes téléchargées ou envoyées, les pages visionnées sur internet et l'ensemble de l'activité sur la messagerie instantanée, y compris la liste des contacts et la correspondance avec ces derniers, ainsi que les répertoires de téléphones portables. Ce système permet de suivre l'ensemble du trafic d'un utilisateur donné une fois qu'il a été identifié sur Internet, y compris pour les programmes informatiques dont la NSA ne connaît pas encore l'existence. 300 terroristes ont pu être neutralisés grâce à XKeyscore, rapporte la présentation.
Où pourrait se trouver le serveur de XKeyscore dans la capitale russe?
Le porte-parole du FSB n'a pas répondu à la question. Une source au sein du renseignement russe a déclaré que les services de renseignement n'avaient pas enquêté sur ce dossier, mais se dit convaincue avec une certitude de pratiquement 100% que le serveur se situe à l'ambassade américaine à Moscou, généreusement munie de divers équipements techniques de renseignement. La source argumente sa théorie en pointant l'absence sur la carte de ce système dans les pays où les ambassades américaines ne sont pas présentes, mais qui intéressent tout particulièrement le renseignement américain, par exemple, en Iran.
Le porte-parole de la NSA s'est également refusé à tout commentaire concernant XKeyscore et a renvoyé aux informations sur le site de l'agence. De son côté, l'ambassade américaine à Moscou ne fait aucun commentaire sur tout ce qui concerne Snowden. Ce dernier n'a pas non plus pu être contacté : son avocat Anatoli Koutcherena est en congé jusqu'à la fin du mois.
Les experts russes ne croient tout simplement pas à l'histoire du serveur moscovite de XKeyscore. Andreï Kolesnikov, directeur du Centre de coordination du domaine national .RU, pense que le journaliste du Guardian qui a été le premier à en parler s'est trompé dans sa description. Il explique qu'en présence d'un trafic d'informations sur les utilisateurs, les serveurs du système ne pourraient pas rester invisibles – ils ne peuvent pas être cachés dans les centres de données Google à Moscou ou à Saint-Pétersbourg, par exemple. Le directeur général de Hoghloadlab Alexandre Liamine refuse de croire  Snowden : "Je ne voudrais pas commenter les déclarations des clowns". Seul le fondateur du réseau social russe VKontakte Pavel Dourov prend au sérieux les informations de Snowden : il a invité le fugitif à s'occuper de la confidentialité des données personnelles des utilisateurs de son réseau social. Mais il n'a répondu à aucune question concernant XKeyscore.

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