Il s'agit de la visite à Washington de Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe qui a remis un courrier du président Vladimir Poutine à son homologue américain Barack Obama; la conférence internationale "Les aspects militaires et politiques de la sécurité européenne" qui s'est tenue à Moscou ; et la visite du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou dans la région de Kaliningrad, où l’on procède aux essais du radar d'alerte contre les attaques de missiles Voronej-DM.
Le bouclier antimissile (ABM) américain, dont le déploiement est prévu par le Pentagone le long des frontières russes, était au centre de chacun de ces événements. Dans sa lettre adressée à Vladimir Poutine, Obama avait fait de sérieuses suggestions pour rassurer la Russie : cette dernière craint en effet que l'ABM européen influe sur les forces de dissuasion stratégiques russes. Le président russe aurait tout de même répondu à son homologue que ces garanties étaient insuffisantes, selon une source du Kremlin. Il insiste sur la nécessité d’engagements juridiquement contraignants. Les présidents changent et rien ne prouve que le successeur d'Obama à la Maison blanche ne renoncera pas aux engagements de son prédécesseur.
Le même message a été répété pendant la conférence internationale sur la sécurité à Moscou : toutes les affirmations des dirigeants de l'Otan selon lesquelles l'ABM européen n'est pas dirigé contre la Russie ne valent rien en l'absence d'un accord limitant la couverture de la défense antimissile aux frontières des pays membres de l'Otan, déclarent les experts russes. Au contraire de quoi la Russie devrait prendre des mesures asymétriques mais très efficaces pour neutraliser ce système. Comme l'a déclaré le général Valeri Guerassimov, chef d'état-major des forces armées russes, "l'ensemble des activités militaires et techniques visant à neutraliser l'éventuelle influence négative de l'ABM des USA sur le potentiel des forces nucléaires russes a été élaboré et nous ne le cachons pas". Il a souligné que la mise en place de ce système de neutralisation dépendrait des estimations russes concernant la capacité de l'ABM des USA et de l'Otan à affaiblir le potentiel des forces nucléaires russes.
De toute évidence, pour souligner le sérieux de ces intentions et vérifier l'exécution des tâches allouées à la défense antimissile à l'ouest du pays, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou s'est rendu dans la région de Kaliningrad. "Le programme national d'armement prévoit la mise en place, d'ici 2018, d'un champ radar continu capable d'intercepter les missiles sur toutes les trajectoires et dans toutes les directions."
Le passage du radar d'alerte de missiles de Kaliningrad à sa phase opérationnelle est prévu pour fin 2014. Le radar couvre le nord de l'Afrique, toute la Méditerranée jusqu'au nord de l'Atlantique, y compris les régions de patrouille des sous-marins nucléaires américains Ohio transportant des missiles stratégiques. En résumé : un rayon de 6 000 kilomètres à la surface de la terre et 8 000 kilomètres dans l'espace. La Russie dispose de radars similaires à Armavir (il sera opérationnel le 3 juin prochain), près de Saint-Pétersbourg, à Lekhtoussi (déjà opérationnel) et près d'Irkoutsk, dans le village de Michelevka (première phase en essais, seconde – en construction).
Mais ce n'est qu'une partie des mesures appelées à protéger la Russie du risque d'affaiblissement de ses forces de dissuasion stratégiques si l'ABM américain était installé. D'autres mesures seront prises pour assurer la sécurité nationale, qui seront annoncées à l'issue de l'entretien entre Poutine et Obama prévu cet été.
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