Wednesday, July 3, 2013

Guy Gweth à Deutsche Welle : « l’Afrique est sur écoute 24h/24 »

(Africa Diligence) Le 02/07/2013, la radio internationale allemande Deutsche Welle a interrogé Guy Gweth, expert en intelligence stratégique, sur les incidences du scandale d’espionnage en cours en Europe et aux USA sur l’Afrique.  Pour le fondateur de Knowdys, « l’Afrique est sur écoute 24h/24 » et les principaux centres de décisions africains sont surveillés par toutes les puissances ayant des intérêts sur le continent.
« Que celui qui ne surveille pas ses amis lève le doigt »
Pour l’ancien de l’Ecole de Guerre Economique (EGE) de Paris, les réactions enregistrées en Europe suite à l’affaire Snowden sont un « vrai bal des hypocrites… Que celui qui ne surveille pas ses amis lève le doigt », lance Guy Gweth pour qui le durcissement de la compétition internationale ne laisse pas le choix aux grandes puissances. Selon lui, l’administration Obama est suffisamment documentée pour opposer aux Européens ce qui est précisément reproché à Washington dans le cadre du programme PRISM : la surveillance permanente des intérêts amis et ennemis.
 « Depuis 1947, l’Afrique est sur écoute 24h/24 »
Guy Gweth affirme que faute d’indépendance dans les Télécoms, le continent africain ne peut prétendre à une véritable sécurité des communications. « L’Afrique est sur écoute 24h/24 », lance-t-il. « Deux dirigeants africains sur trois ont leur email professionnel chez Yahoo ou chez Google ; et les plus futés pensent qu’en changeant régulièrement de numéro de portable, ils échappent à la surveillance. En vain», précise cet ancien de l’Institut international de communication de Paris (IICP) pour qui le plus puissant programme d’espionnage, ECHELON, dispose d’un logiciel intégré de reconnaissance vocale…
« L’espionnage est indispensable à la puissance »
A la question de savoir si les dirigeants et les grands centres de décisions africains font l’objet d’espionnage, l’ancien du Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS) de Paris répond clairement oui. « Sans être paranoïaque, il faut être lucide pour savoir qu’aucune grande nation ne peut pas offrir un palais présidentiel ou le siège d’une organisation comme l’Union africaine sans prendre quelques mesure de mesures de puissance…» « Or l’espionnage est indispensable à la puissance, précise Guy Gweth.
« Faute de preuve, les Etats africains restent muets »
A la question de savoir si l’Afrique peut frapper du poing sur la table, Guy Gweth répond qu’ « à travers des ‘cadeaux’ tels que les ordinateurs, les DVD, les téléphone mobiles ou les clés USB, les dirigeants africains sont souvent plus victimes d’espionnage qu’ils ne l’imaginent ». Mais, précise l’ancien de la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) de Yaoundé, « faute de preuve, les Etats africains restent muets, sous peine de provoquer une crise diplomatique dont ils ne sortiraient pas nécessairement vainqueur. » Seule solution aux yeux du fondateur de Knowdys : renforcer les capacités des dirigeants africains sur les questions d’intelligence stratégique et de sécurité des informations notamment.
Le programme PRISM est un vieux serpent de mer
Dans son article intitulé « Le cryptage de haute puissance, dernier rempart contre l’espionnage électronique ? » publié le 1er août 2008, Guy Gweth écrivait : « En 1947, les Etats-Unis et le Royaume Uni signent un accord secret en matière de coopération des personnels et systèmes de renseignement électronique baptisé UKUSA. Ils sont tour à tour rejoints par le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et plus tard par la Norvège, le Danemark, l’Allemagne et la Turquie, au titre de « pays tiers » à ce réseau dont le nom de code est ECHELON. Grâce à cet accord, les cinq premiers signataires supervisent chacun une partie du monde. C’est ainsi que l’Europe et l’Afrique échoient aux Britanniques, dont la puissante station de Menwith Hill ne tarde pas à irriter les autres pays européens dont la France. Pour le président fondateur de Knowdys, « le programme de surveillance PRISM est en réalité un vieux serpent de mer ».
Interview de: Edmond d’Almeida - Transcription de: Awa Diallo

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