Le Washington Post est formel : des hackers chinois ont volé ces dernières années au Pentagone les plans des armes les plus secrètes des États-Unis. Parmi les dossiers ciblés, on trouve le programme F-35 du chasseur de nouvelle génération, le plus cher de l'histoire du Pentagone (réévalué à 1 400 milliards de dollars, selon le Post), ainsi que du F-18 modernisé (Super Hornet), l'hélicoptère UH-60 (le célèbre Faucon noir, ou Black Hawk), le transport hybride V-22 Osprey, à mi-chemin entre l'avion et l'hélicoptère, ou encore les futurs navires de défense littorale de l'US Navy, des trimarans révolutionnaires. Les technologies de protection contre les missiles ont aussi été visées, puisque les plans du système de défense antimissile Patriot ainsi que de son pendant maritime l'Aegis ont été volés, et avec eux les secrets des radars les plus perfectionnés du monde. Pour les États-Unis, le désastre est total : ces systèmes d'armes vitaux constituent le coeur de leur suprématie, résultat de décennies d'investissements dans la recherche.
Le rapport du Defense Science Board, un organisme de conseil au gouvernement regroupant des experts de la société civile et de l'administration, n'accuse pas explicitement la Chine. Mais les experts du Pentagone interrogés par la presse américaine évoquent une vaste campagne d'espionnage de l'industrie militaire américaine. Pékin aurait pour objectif de combler son retard au plus vite en s'inspirant des plans stockés au Pentagone, qui ont longtemps été laissés sans protection efficace contre l'espionnage. "Cela signifie que l'armée américaine est moins efficace et que l'armée chinoise est plus efficace", a expliqué James Lewis, expert en cybersécurité au Center for Strategic and International Studies, sous réserve que les informations soient exactes. Selon lui, la prise de conscience du danger représenté par le piratage informatique est récente à la tête de la Défense américaine : "Entre 1999 et 2009, les portes étaient ouvertes pour l'espionnage chinois", a-t-il jugé.
Les industriels américains "confiants"
Lockheed Martin, qui mène notamment le programme F-35, a indiqué avoir effectué "des investissements significatifs concernant sa sécurité informatique" et affirme logiquement rester "confiante dans l'intégrité" de ses systèmes. Des informations sur le futur chasseur multirôle avaient déjà été déclarées dérobées en 2007 par le Wall Street Journal, mais pas à cette échelle.
Pékin, de son côté, se défend toujours vigoureusement d'avoir mis sur pied toute opération d'espionnage. Quoi qu'il en soit, dans ce pays où les programmes d'armement voient leurs délais réduits plutôt qu'allongés, il ne faudra pas attendre longtemps pour voir si les prochains avions de chasse (de sixième génération) sont des copies du F-35... À moins que, comme l'avait probablement fait la France lorsque les plans du Concorde avaient été volés par la Russie, Washington n'ait glissé certaines informations erronées dans les fichiers pour tromper son vrai-faux ennemi. Les présidents américain et chinois, Barack Obama et Xi Jinping, doivent se rencontrer dans une semaine en Californie. Nul doute que ces révélations dans la presse, dont la Maison-Blanche connaissait déjà le contenu depuis des mois, voire des années, vont pimenter les choses.
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