Tuesday, May 14, 2013

Arctique: la Russie délimite les frontières du cercle polaire


Le Conseil de l'Arctique – qui rassemble la Russie, les USA, le Canada, la Norvège, le Danemark, la Suède, la Finlande et l'Islande - se réunit aujourd’hui en Suède. Cette rencontre sera décisive pour l'avenir de la zone, écrit le quotidien Kommersant du 14 mai 2013.
La Russie veut convaincre les membres de cette organisation intergouvernementale de dresser une solide barrière face aux revendications arctiques de l'Union européenne, de la Chine, de l'Inde et d'autres acteurs extérieurs à cette région. Si la Russie arrivait à ses fins, ces derniers menacent de créer une organisation alternative au Conseil de l'Arctique pour transformer la région en "bien universel" à l'instar de l'Antarctique.
Une source du ministère russe des Affaires étrangères (MAE) a qualifié cette réunion "d'événement historique". Une autre ajoute que cette rencontre a une immense importance géopolitique pour Moscou. Les réunions du conseil se déroulent tous les deux ans mais jamais depuis sa création en 1996 elles n'avaient attiré autant d'attention.
Le sort de l'Arctique se décidera aujourd'hui et demain à Kiruna. Cette région est très prometteuse du point de vue des hydrocarbures et du développement de la navigation marchande régionale. D'après les chercheurs américains, les mers de l'océan Arctique abritent 13% des réserves mondiales non découvertes de pétrole et 30% des réserves de gaz. Et l'ouverture de la Route maritime du nord (du détroit de Béring à la mer de Barents) permettra de réduire l'itinéraire traditionnel de transport de fret d'Asie en Europe par le détroit de Malacca de 2 500 à 4 000 miles marins, soit 10-14 jours et des centaines de milliers de dollars. La fonte des glaces a étendu les possibilités de navigation maritime sur cet itinéraire : si en 2010 deux navires avaient navigué par cette route, en 2012 ils étaient déjà 46.
Jusqu'à récemment, la course pour l'influence en Arctique se déroulait principalement entre les membres du Conseil de l'Arctique. Désormais, 14 autres pays et organisations souhaitent devenir membres de ce club avec le statut d'observateur permanent, notamment l'UE, la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et Greenpeace. La Russie n’est pas de cet avis. Un premier document définissant les critères d'obtention du statut d'observateur au sein du conseil a été approuvé lors de la dernière réunion. Cette fois Moscou veut aller plus loin.
La délégation russe, présidée par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, cherchera à persuader les membres du conseil d'adopter le "Règlement pour les observateurs", qui fixe les règles d'obtention de ce statut. En particulier, aucun d'entre eux n'est supposé recevoir la place d'"observateur permanent". Il est également prévu de limiter considérablement les droits des pays et des organisations observateurs : en fait, ils pourront uniquement être présents aux activités du conseil mais n'auront aucune possibilité d'influer sur les décisions. Par ailleurs, ils s'engagent à reconnaître les droits souverains des pays circumpolaires en Arctique (les nouveautés ne concernent pas les six organisations des peuples autochtones de la région polaire).
Cette décision doit être prise pendant la réunion du conseil mercredi. Les principales concertations sur l'initiative russe sont prévues aujourd'hui dans le cadre des rencontres bilatérales et pendant un dîner de travail entre les membres du conseil.
Les principaux différends concernent les candidatures de l'UE et de la Chine, qui sont déjà des observateurs temporaires. Le Danemark, la Suède et la Finlande prônent l'octroi à l'UE du statut d'observateur permanent mais Moscou s'y oppose formellement. Son principal argument ? 
Ces trois pays sont membres de l'UE et si Bruxelles était admis au conseil, cela doublerait sa présence et par conséquent son influence. De plus, la Stratégie arctique de l'UE stipule que de nouvelles lois sont nécessaires pour régler les litiges dans la région. Mais d'après une source du MAE russe, la Russie estime que la base juridique internationale existante suffit amplement.


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