Saturday, October 5, 2013

Exclusif: Le débat sur la légitimité de la dette publique arrive en Italie

Grâce, entre autres, au travail d’André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder, le débat sur la légitimité de la dette publique et la création de la monnaie a pris en France. Il semble qu’il arrive en Italie, où il a été calculé que le montant des intérêts payés depuis 1980 équivaut à deux fois le PIB !
Les intérêts boules de neige
Le cas italien est encore plus spectaculaire que notre cas. Le PIB du pays était de 1 566 milliards d’euros fin 2012, et dont la dette était de 1 988 milliards, soit 127% du PIB, une hausse de 10 points en seulement deux ans, malgré des déficits plus faibles qu’en France. Ceci montre que les politiques austéritaires sont aussi responsables de la hausse de la dette. Mais le chiffre qui interpelle, c’est le montant des intérêts payés par le pays depuis 1980 : 3 100 milliards, deux fois le PIB, plus d’une fois et demi le montant de la dette. Cela fait 20 ans que le pays a un excédent primaire en vain.
Le problème du pays, ce sont les déficits colossaux des années 1980, qui ont fait explosé le poids de la dette, au-delà de 100% du PIB à partir de 1992. Il faut noter que les intérêts ont englouti jusqu’à 12% du PIB du PIB en 1993. Pour mémoire, cela représenterait 240 milliards d’euros dans la France de 2013… Ce qui est intéressant avec l’Italie, c’est que ce pays montre qu’il est extrêmement difficile de réduire le poids de la dette une fois qu’elle atteint un certain niveau, même en accumulant 740 milliards d’excédents primaires (hors intérêts) depuis 1992. Inquiétant pour la zone euro.
Un problème de monnaie et de banque centrale
Dans l’absolu, on pourrait dire que les Italiens doivent assumer les conséquences de leur inconséquence budgétaire, qu’au pire, ils peuvent toujours faire défaut. Mais, comme le souligne André-Jacques Holbecq, le problème vient que, parallèlement, nous avons privatisé la création de la monnaie dans l’intervalle. Or la monnaie est un bien commun. Du coup, le bénéfice de sa création devrait revenir à la collectivité. Et si tel avait été le cas, alors, le poids de la dette italienne se serait sans nul doute fortement allégé. 5% du PIB Italien sur 20 ans, c’est environ 1500 milliards d’euros…
Bien sûr, monétiser l’équivalent de 5% du PIB pendant 20 ans est une expérience inédite. Néanmoins, la création monétaire sur la période n’a sans doute pas été très éloignée de ce total. Et son bénéfice aurait du être mis au crédit de la collectivité. Après, on pourra toujours dire, à raison, que si tel avait été le cas, alors le gouvernement aurait davantage dépensé, compensant tout ou partie de la monétisation. Mais le PIB aurait été plus important alors… Et surtout, Londres, Washington et Tokyo démontrent le succès des politiques de monétisation de la dette publique dans cette proportion.
Il est extrêmement heureux que le débat sur le rôle des intérêts dans la montée de la dette publique passe les Alpes. Voici un bon moyen de remettre en question les mauvais dogmes européens et néolibéraux. Voilà de quoi faire de l’Italie une alliée dans la refondation du continent.

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